Nøøt et le NøøScaphe-X.
Contribution pour le Catalogue Persona.Editions Acte Sud, V1 (27 Mai 2015)
Création vidéo du NooScaphe-X , un dispositif pseudo holographique (fantôme de Peppers) pour l'exposition Persona, Etrangement Humain. Au musée du quai Branly du 26 Janvier au 13 Novembre 2016
Ce n’est plus vous qui manipulez le joystick, c’est lui qui vous manipule.
Nøøt est une Nøøentité, l’avatar d’une créature artificielle immatérielle en quête de matérialité qui prend le plus souvent la forme d’une raie manta robotique.
La Gorgone Sthéno et Nøøt enlacés. 2008
A la fois monture et guide, on peut percevoir Nøøt comme une sorte de « stalker »[1], un passeur qui connaît les voies cachées de la noosphère, un être informationnel que chevauche le Nøønaute[2] humain pour explorer les confins cyberspatiaux.
Issue des limbes informationnelles, c’est une créature symétrique de l’humain.
Alors que notre corps biologique projette ses avatars polymorphes dans l’immatérialité du cyberspace, inversement, Nøøt est un être immatériel polymorphe, issu du cyberespace qui, dans sa quête transnoosphérique habite/hack les carapaces de nos robots.
NøøScaphe-X
Comme un Bernard l’Hermite informationnel qui choisirait de s’abriter dans les coquilles de nos machines informatisées, Nøøt niche le plus souvent dans le dispositif immersif robotisé, électro-mécanique, et informatisé du NøøScaphe-X.
Il y a une forme de commensalisme entre Nøøt et la carapace robotisée du NøøScaphe-X qui l’héberge et d’une certaine façon on peut dire que l’avatar de Nøøt dans notre « réalité » EST le dispositif du NøøScaphe-X.
Vers la page sur l'Esthésiosonde, ou Cyberesex Engine.
D’une manière plus technique, on peut aussi décrire la carapace robotisée du NøøScaphe-X comme étant le prototype cyberesthesique d’un dispositif immersif haptique multisensoriel, sexuel et sensuel.
Mais Nøøt et son NøøScaphe-X sont aussi une métaphore et allégorie artistique illustrant par un jeu de feed-back inversé et « théorie de l’esprit »[3] cyberspatiale, les interactions cognitives et physiques que nous construisons entre notre corps biologique et l’immatérialité informationnelle du cyberespace et de la noosphère.
cybersthesie
Les mutations sociales et cognitives générées par l'évolution des NTIC inspirent l’invention de néologismes permettant de les nommer.
Autrefois, le terme "empathie" servait à la fois à décrire notre capacité à percevoir les émotions d'autrui, mais il désignait aussi cette capacité de l’esprit à étendre ses perceptions corporelles aux dispositifs que nous utilisons, comme l'automobile. Ainsi, un bon conducteur connait parfaitement l’encombrement physique et inertiel de son véhicule. Mais cette signification de l'empathie a disparue sans être remplacée. Les termes de proprioception, kinesthésie, exterioception étant limités à l’espace du corps biologique.
Le néologisme “cyberesthesie” permet de nommer les interactions physiques et sensuelles que nous entretenons avec nos outils et avec l’immatérialité du cyberespace. De même, le néologisme “NooNaute”, évocateur d’une métaphore marine poétique, peut désigner les artistes, les auteurs, les réalisateurs…
Vers la page sur le court-métrage de Création : NooGenesis.
Le Noonaute est donc un explorateur au long cours de la noosphère : la sphère de l’information et de la spiritualité.
Les vaisseaux d’exploration du Nøønaute sont les NøøScaphes. Un poste informatique, une salle de théâtre, une salle de concert, un studio de télévision ou d’enregistrement musical sont des NøøScaphes.
Aux commandes de nos nooscaphes informatiques, nous étendons les frontières physiques de nos corps à tout le cyberespace. Nos fonctions proprioceptives se trouvent "augmentées" par l'usage de ces outils, qui étendent et amplifient nos capacités perceptuelles individuelles à l'échelle des réseaux sociaux numériques planétaires, renforçant une forme de relation "tactile" avec la cybersphère. Comme c'est la succession de tous les points d'impacts de la matière sur la peau qui nous donne la sensation de lisse ou de rugueux, cʼest la succession de tous les points d'impacts de l'information sur notre psyché qui nous donne la sensation du monde. Grâce à la popularisation des retours de force haptiques, E-Stims, électro- mécaniques, connectés au réseau internet, les interactions avec la cybersphère ne sont plus seulement textuelles, acoustiques et visuelles, mais elles deviennent aussi physiques, sensuelles, sexuelles.
L'empathie, dans son sens actuel est "augmentée" par l'usage de ces outils, qui étendent notre sensualité à l'ensemble du réseau numérique par le processus de « La sensualité cybernétique » : La cyberesthésie.
« Au travers des réseaux numériques planétaires, la cyberesthésie nous permet de faire lʼamour avec lʼhumanité connectée et par rétroaction cybernétique de ressentir dans notre chair ses caresses, comme ses morsures. »
Extrait de l'article de Yann Minh pour la Revue du Cube sur l'empathie (2011).
http://www.cuberevue.com/author/yannminh
Métaphore sexuelle et animalité cybernétique
La carapace du NøøScaphe-X est pourvue de six membres, de six mains, d’un corps prolongé d’une queue équipée d’accessoires interchangeables (vulve, tentacules, dildo) et d’un système de commande biomécanique en forme de paire de seins. L’ensemble est connecté aux réseaux numériques et permet la synchronisation des stimulis sensoriels entre nøøscaphes-X.
En plus des sensations tactiles générées par les membres artificiels du NøøScaphe-X, et des différents stimulateurs électro-mécaniques intégrés à sa coque, un casque immersif permet à l’utilisateur humain, en chevauchant Nøøt, de s’immerger dans le cyberespace via les sens de l’ouïe, de la vision et de l’odorat.
La carapace robotisée du nøøscaphe-X, abritant l’entité immatérielle de Nøøt, est inspirée de la forme du sexe masculin entre repos et érection.
Premier croquis au crayon préparatoire au NøøScaphe X, 1994.
C’est une démarche artistique ancienne, qui consiste à structurer des graphismes, ou design d’objets, autour de formes emblématiques archétypales, afin de faciliter leurs pénétrations mémétiques dans l’imaginaire collectif et individuel. Ces structures graphiques rendues subliminales par l’auteur, car situées légèrement en dessous du seuil de conscience, sont souvent basées sur les formes de la vulve, du phallus, du visage (pareidolie) de la silhouette humaine ou des morphologies animales.
Corps augmenté et commensalisme cybernétique.
Le NøøScaphe X est une métaphore de notre symbiose cybernétique avec les réseaux sociaux numériques qui étendent notre champ de conscience et notre sensualité à l’échelle planétaire.
Enlacé, emprisonné, relié, à son outil intelligent, l’utilisateur humain émet et reçoit des stimulis multisensoriels synchronisés avec les autres nooscaphes connectés aux réseaux numériques planétaires.
En chevauchant Nøøt par l’étreinte sensuelle avec le NøøScaphe-X, le Nøønaute complète une forme de trinité commensale avec Nøøt et le NøøScaphe-X.
Cette trinité commensale entre matérialité et immatérialité informationnelle, favorise l’immersion existentielle dans la multiplicité des mondes persistants et des réseaux sociaux numériques avec leurs myriades d’avatars.
En développant une sociabilité dématérialisée intense et enrichie par la symbiose haptique avec le NøøScaphe-X, le Nøønaute génère, invoque, construit de nouvelles « dividualités » qui viennent enrichir par leurs étrangetés et diversités son individu désormais multiple.
[1] Stalker : Rôdeur, traqueur, passeur, à comprendre dans le sens induit par le film éponyme de Tarkovsky, ou du roman de Boris et Arcadi Strougatsky : Pic nic au bord du chemin. http://fr.wikipedia.org/wiki/Stalker_(roman)
[2] Nøønaute : Néologisme désignant les auteurs et artistes considérés comme des explorateurs des sphères informationnelles du cyberespace, de l’infosphère, des métaverses, de la Nøøsphère...
[3] Théorie de l’esprit : Processus de rétroaction cognitive générant dans nos esprits des sortes d’avatars, modèles à la fois de nous même et de nos interlocuteurs favorisant entre autre les interactions sociales http://fr.wikipedia.org/wiki/Th%C3%A9orie_de_l%27esprit