« Que dégoïsme dans léternité quand elle ne nous laisse que poussière que le vent viendra de toute façon balayer.
Malgré tout, il faudra continuer à marcher, en se retournant de temps en temps pour sassurer que les rêves de ce tout ce qui ne se fera plus et les souvenirs de tout ce qui sest fait ne seffacent pas sous nos pas et peut-être, pourquoi pas, oser prier les dieux absents, sourds et muets pour que ne se brise la chaîne du passé sous le poids du présent.
Nombreux sont les chemins qui me ramèneraient des années en arrière, mais je nen choisirai quun seul, le plus long, le plus droit avec des arrêts sans abribus et des pavés de coeur cuisant sous soleils brûlants et qui se noient sous les pluies dévastatrices que sont les larmes.
Et je suis là, avec ma plume écorchée et mes encres du samedi soir dans une closerie sans lilas, morts depuis bien longtemps emportant avec eux le cercle de nos poètes disparus.
Ne restent que des nuées de phrases invisibles sévaporant de chaque fond de verre sans ivresse, un piano aux notes aussi fausses que des mots lorsquils divorcent de leurs gestes et sur tabouret des corps droits aux visages fardés dans lattente du maître portant dans sa bouche la générosité symbolique, le roi qui offrira à un de ces mendiants la reconnaissance au droit à lexistence.
De tout cela il nen faudra garder que lindifférence en rictus malus parce que la haine comme lamour se sont enfuis pour toujours laissant dans les gamelles du pouvoir, des bouillies de mensonges et dhypocrisie.
Il faut laisser les étoiles au ciel dégagé dune nuit rêvée et rire des mauvaises imitations portant les masques dune brillance volée à la vérité. »