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Aujourd’hui, grâce à toi mes genoux peuvent se plier sans honte devant mes impuissances, mes ignorances, et mes lâchetés parfois, tu sais, celles qui attendent des jours et des jours que vienne le courage pour enfin oser se supprimer. Oui, c’est bien grâce à toi que je peux regarder toutes ces faiblesses, tous mes manques dans un face à face lucide parce que quand on apprend à ne rien avoir à perdre que peut-on gagner de plus que la liberté.

Et voilà que resurgit ton image, de plus en plus souriante, de plus en plus claire comme si la mort devant l’amour s’était enfin rendue compte qu’elle ne serait jamais plus maîtresse mais soumise et abandonnée à la force des sentiments. Je cède toutes mes ombres pour que toi et tes oeuvres renaissiez en pleine lumière. Et comme un miracle que l’on n’attendait plus, le sucre cristallisé se réchauffe dans le fond du poêlon, Brel rechante Bruxelles dans ton poste de radio, le petit four vaporise chaleureusement l’atmosphère de l’atelier où ta voix belle et grave résonne en écho, et moi, petite, toute petite au sourire bonheur, je danse et j’applaudis les heures qui ressemblent à des secondes, tes corbeilles en sucre belles comme une histoire d’amour sur lesquelles se posent tes yeux inondés de ce bleu d’acier, sosies de la passion et puis le champagne que tu fais couler à flot pour fêter la nuit d’une autre naissance. Et comme des poésies d’Aragon se noyant dans les yeux d’Elsa, je me plonge dans les tiens. Après, demain, aujourd’hui, il faudra se réveiller sans mélancolie pour ne pas décevoir la vie et continuer à délier toutes les pensées sous forme de mots sans arrondis qui me délivreront du mal. J’aimerais que tu restes, maintenant que tes yeux encore engourdis des somnifères du deuil se soient réveillés et que tu regardes ce que je n’ai jamais cessé d’être et ce que je suis devenue. Une éternelle amoureuse, au corps de femme baisé par tant de bouches jeunes ou usées et caressé par tant de mains expertes ou novices, s’allaitant au sexe de ses amants comme une nourriture affective pour que les corps ne meurent pas en jouissance solitaire et inutile, une femme dont la chair invite parfois les lanières cuirées d’un fouet à adoucir ses chagrins enterrés à jamais dans le secret et pour que s’éteignent, l’espace d’une nuit, les feux de sa violence.


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