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La chaleur qui alourdie l’air de Paris, m’empêche de respirer à fond. Le peu de bagage que je transporte semble augmenter de poids au fur et à mesure que mes pas se dirigent vers Montparnasse.

Est-ce réellement l’air du temps qui m'oppresse ou tout simplement l’air des souvenirs qui me reviennent inévitablement en mémoire, marqués de cet endroit que je connais et qui malgré lui me propulse des années en arrière.
Un haut-parleur résonne dans ce temple du départ et de l’arrivée. Je cherche rêveusement le tableau des horaires. Notre train est arrivé en gare, Paris-Bordeaux, départ 14 h 00, quai numéro 3. Comme une douleur que l’on connaît bien pour l’avoir testée, j’emporte l’hésitation de me retrouver trois années dans le passé. J’essaie de me rappeler les bons moments, ceux où le rire existe, mais ma mémoire positive semble s’être endormie sous la canicule. Assise du côté fenêtre, j’observe les visages inconnus des voyageurs mais je n’y trouve malheureusement pas le rêve nécessaire à l’échappatoire de mes pensées. Je puise l’unique sentiment rassurant dans le regard de mon amour qui me sourit calmement. Les images commencent à défiler de plus en plus vite à travers la baie vitrée qui me sépare de l’extérieur.

Le film noir et blanc se rembobine lentement de ses souvenirs. Arrêt sur image. Une église, une robe blanche, des sourires, de la lumière, de la chaleur, un mariage, le mien. Je retiens surtout la robe blanche que je portais parce que je l’avais choisie pour toi, avec tes yeux. C’était ton cadeau que j’ai rangé soigneusement dans le fond d’une armoire. La cérémonie, les amis, le repas, la musique, de tout cela il me reste une valse que nous avons dansée ensemble.
Tu es parti six mois plus tard. Au blanc succède le noir. Et comme la colère née d’une injustice souffle la tempête emportant sur son passage le mariage, le travail, les amis pour ne laisser qu’une vie à refaire.


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