Mille histoires de toi, de moi, de nous traînent en fond de mémoire. Certaines me feraient encore rire dautres plus dramatiques mentraîneraient inévitablement dans les sillons chagrinés des culpabilités de limpuissance ou des regrets inavoués. Mais mes tristesses satténuent comme le temps qui passe sur les années. Je peux aujourdhui traverser latelier où tu travaillais à faire vivre tes rêves sans que mon regard se voile dune seule larme.
Jai regardé une dernière fois le décor qui transpire de tes heures. Demain, dans très peu de temps, tes outils revivront entre dautres doigts pour que sécrive une autre histoire mais qui cette fois ne nous concernera plus. Jaccepte que plus rien ne soit comme avant et je conserve tous les moments que nous avons passés ensemble comme faisant partie de lexceptionnel.
Après la peine resurgissent lespoir et ses sourires comme un ciel sombre qui séclaircit après une grosse averse. Ma plume a épuisé ses encres amères. Je continuerai à parler de toi à tous ceux que jaime. Toi dans la mort et moi dans la vie, deux univers que lon oppose et que lon redoute comme tout voyage vers linconnu. Les mots, mes mots, ceux que jassassinais à chaque pensée pour toi mont permis de réunir nos deux mondes. Toi là-bas, moi ici, une plume et un bout de papier, nous voilà côte à côte sans que rien puisse nous séparer. La magie est bien vivante. Jour après jour, au fil de mes paragraphes sest ouverte une porte différente, avec des virgules pour que mon souffle puisse reprendre une bouffée doxygène, et des points virgules pour que se délivre une autre pensée. Plus de point dinterrogation ni de point dexclamation, rien quun point à la ligne pour que les portes se referment lentement sans que ne subsiste une seule crainte, une seule amertume, une seule nausée de regret.
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